Notice sur Jacques Arcadelt destinée
à
l’Histoire de la Musique et des
musiciens du pays de Namur
Paul Moret
Depuis le xve siècle au moins, la famille de Jacques Arcadelt est établie dans le Pays de Namur. Il s’agit des d’Arche d’Elte (en latin Arca de Elte ), membres d’une puissante famille bourgeoise de maîtres de forges. Leurs biens sont établis à Profondeville sur le Burnot, à Marche-les-Dames sur la Gelbressée et le W artet, à Thon sur le Samson et à Namur même, où la famille est propriétaire d’un immeuble de pierre. Ces propriétés sont des moulins, des marteaux dits «makas» et autres usines, «antres de Vulcain>> selon Guicciardini qui a connu la Meuse namuroise avant «la guerre de Henri Il». Des ouvriers fondent, coulent, allient et façonnent la matière au profit des hommes et surtout des armées. Le maître de forge mesure, infléchit, module et harmonise son alliage en recherchant «l’oeuvre au noir>>.
Jacques Arcadelt, fils de Gérard Fayl dele Arche d’Elte, est baptisé à Namur en 1507 par Edouard Astin, curé de l’église Saint-Jean-Baptiste et chanoine. de la collégiale Saint-Aubain. En 1515, le petit Jacques fait partie d’un groupe de trois enfants instruits par Alexandre de Clèves, maître d’école de la collégiale Saint-Pierre-au-Château. Cette même année, comme tous les autres chanteurs de la cité de Namur, ils seront récompensés par le gouverneur Jean de Berghes et par le mayeur Jean de Spontin pour leur participation à la «Peste des III Eglises» et pour une manifestation d’hommage organisée à l’Hôtel du Sire de Croy où loge le jeune archiduc Charles (le futur Charles-Quint) en visite pour la première fois à Namur.
Nous retrouvons le jeune Jacquet del Arche d’Elte parmi les “vicariots” (enfants de choeur) de la collégiale Satin-Aubain chez le maître Lambert Masson1 en 1519, puis chez le maître de la grande école, Charles de Nicquet, de 1522-1526. Il a dix-neuf ans: “Jacobus de Arca d.Elta alias Jaquet dele Arche d Elte [ … ], et Petrus Certo”. Ce dernier est le Pierre Certon, compositeur connu, dont la carrière s’écoulera en France.2 Jacques Arcadelt est cité en 1526 en même temps que Symon Burnet, “succentor et magister”, et quelques chantres dont Thomas Crecquillon, Corneille Canis alias Deschiens. Le 28 décembre 1526, ils participent aux festivités offertes au Gouverneur du comté Jehan de Berghes pour teter la victoire des «piétons» namurois sur le duc de Gueldre et Robert de La Marck, alliés du roi de France.
PAUL MORET, Bulletin de la Société liégeoise de Musicologie 1993
- Lambertus Masson magister parvorum
- Fonds du Musée diocésain -Archives capitulaires de Saint-Aubain. Vol VI add. Doc.ta S. Petri Eccl., folios 11 et 14: «Alexander de Clavis Sti Petri Eccl.ae magister parvorum [ … ], Jacobus de Arca d.Elta alias Jaque dele Arche d Elte [ … ], Petrus Certo». Ce dernier est le Pierre Certon, compositeur connu, dont la carrière s’écoulera en France. ll est dit patrocinatus d’un autre chantre et compositeur réputé, Marbrian de Ortho (U1529 à Nivelles)